un avis sur tout et surtout des avis

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Employé de fast-food, la réalité d'un enfer

Au début on se dit que « c'est juste pour quelques mois », le temps de faire des économies pour un voyage, pour financer ses études, ou simplement en attendant de trouver mieux. Le travail de restauration rapide, beaucoup (pour ne pas dire presque tout le monde) y ont pensé, beaucoup sont passé par là. Pour certains l'expérience fût effectivement brève, mais pas pour tous.

 

 

Et oui, la réalité c'est que pour beaucoup, ce rapide passage en fast-food devient vite un engrenage infernal, les horaires sont généralement décalés, ce qui inclut de commencer sa journée avant l'aurore, ou de la finir bien après le crépuscule et entraine une fatigue rapide et persistante. On devient irritable, nerveux, on supporte beaucoup moins bien les critiques incessantes des supérieurs et de la clientèle (qui bien souvent nous traite comme des moins que rien, sans cervelle, sans diplôme, sans avenir... oubliant que beaucoup d'entre nous on bien plus que le bac, prépare de grandes études, ou malgré leur niveau scolaire moyen restent bien plus intelligent qu'eux).

Le salaire, là c'est une autre paire de manche et l'expression « être payé au lance-pierre » est presque un passage de la fiction à la réalité, le principe de la restauration rapide c'est un minimum de dépense pour un maximum de rendement, et la dépense principale c'est les employés Et comment réduire le coût des employés me direz-vous ? Pas de calcul rapide, c'est très simple, pour commencer, éviter à tout prix les contrat à temps plein, pourquoi ? Parce que la moindre minute passée en plus sur le terrain est majorée en heure supplémentaire, et coûte donc très chère. Ce qui veut dire, petits contrats et donc petits salaires. La Deuxième façon simple de réduire le coup des employés c'est... d'en embaucher très peu bien sur ! Alors comment font ils pour assurer le service ? Là aussi c'est simple, il suffit de mettre le plus de pression possible à des employés souvent jeunes et qui ignore leurs droits pour qu'ils fassent le travail d'environ trois à quatre personnes sans broncher et en acceptant un salaire minables et primes tout aussi insignifiantes (rares sont les employés atteignant la prime maximum, ceux là sont des prodiges qui ne font jamais d'erreur et ne se plaignent jamais des conditions inadmissibles de travail, l'employé parfait, en somme).

 

 

 

Comment instaurer un climat de pression et de dévalorisation de l'employé ?

 

 

Ne pas considérer tout le monde avec un égale respect tout en évitant de valoriser ceux qui travaille le mieux, c'est la clé pour qu'aucun employé ne se sente en droit de réclamer un minimum de respect. « Tais toi et encaisse » ça pourrait être la devise des fast-food, « les autres y arrivent bien, eux », en faite ils sont plus résignés qu'autre chose.

En restauration (rapide ou pas d'ailleurs) on se déshumanise progressivement, c'est la seule façon de ne pas tomber dans la déprime voire plus grave encore. On apprend à considérer le client comme un être à assister de A à Z, à tout lui proposer, à s'écraser devant ses remarque et à s'exécuter (ma supérieure m'a dit un jour sur un ton méprisant devant ma mine agacée « on est là pour les servir, pas pour leur apprendre la politesse »). En clair, les clients peuvent nous manquer de respect tant qu'ils veulent à partir du moment où ils paient : insultes, menaces, mépris affiché ou parfois simple négligence de l'être humain qui les sert (écouteurs dans les oreilles, tutoiement, conversation téléphonique ininterrompue, drague très lourde, refus d'essayer de comprendre pourquoi telle ou telle combinaison de produit ne peut pas être incluse dans une offre promotionnelle alors que la réponse est évidente, le profit...). Bref, les raisons de nous manquer de respect ou d'un minimum de considération sont vastes et incompréhensible, à tel point que les rares témoignage de gentillesse sont pour nous presque choquante tant elles sont rares, on se demande où est le piège, on ne sait plus comment réagir. En clair avoir des relations sociales dites normales, et civilisées voir presque amicale est un fait rarissime au point d'être très surpris quand ça arrive : un simple bonjour, un service demandé avec la crainte de gêner le travail ou d'en demander trop, un « comment allez vous » sans aucune arrière-pensée, parfois un compliment sur notre qualité de service et même, mais là on sabre le champagne, un pourboire. Oui ces gens existent, et c'est grâce à eux qu'on se rappelle qu'on est autre chose que des machines, à leurs yeux, on est des courageux qui travaillent dur. Ils nous donnent ce que notre hiérarchie oublie ou refuse de nous octroyer, de la considération et de la reconnaissance.

 

Ce manque de reconnaissance, c'est le moteur principale de la dévalorisation. On se sent inutile, usé, asservi, on a le sentiments d'être épuisée par une exigence énergétique bien au dessus de nos capacités car oui, il n'y a pas que la fatigue morale. La descente aux enfer se déroule généralement en trois phases, certains en sautent une mais le plus souvent c'est ce schéma qui se reproduit à des échelle plus ou moins rapide.

 

Les débuts difficiles

 

On ne connait personne, on sait qu'on est rentré dans un univers difficile où il vaut mieux se taire et apprendre vite, on est le plus souvent lâché parmi les fauves (seul j'entends) au bout de trois ou quatre jours, et pas question de faire une erreur. On ne dit rien pendant cette période et on encaisse tout sans broncher, cette phases dure en principe trois mois pour une raison très simple, laquelle ? Aucune idée ? La période d'essai, diantre ! c'est évident. Si on veut rester six mois (et d'expérience c'est déjà plus que la moyenne) il faut passer c'est période d'essai et c'est là que la direction fait le plus attention à vos erreurs parce qu'après c'est très difficile de vous renvoyer à moins de fautes graves. Voilà pour la période de « j'essaye de suivre, je transpire, j'ai des valises sous les yeux, mais je suis très heureux de travailler chez *** ».

 

La résignation (souvent accompagnée d'un second souffle)

 

Vient un moment ou la nature humaine et l'instinct de survie reprennent le dessus, on est fière d'être arrivé jusqu'ici, de résister à la fatigue et où le se dit « tout ça ne m'atteindra plus, qu'ils s'acharnent donc. Ils se fatigueront tout seuls ». C'est donc un petit bol d'air dans ce dur labeur, on a l'impression d'être libéré d'un poid, notre moral d'acier n'a d'égal que notre bonne humeur, notre efficacité à toute épreuve. Malheureusement ce n'est qu'un feu de paille avant de se rendre compte que malheureusement, tout ces efforts ne servent à rien dans le monde du fast-food, mieux vaut n'espérer aucune reconnaissance, c'est peine perdue. D'autant plus qu'au moindre écart, votre parcours irréprochable ne vous sera d'aucun secours. Autre chose, n'essayez pas de vous justifier, on vous qualifierais instantanément de mauvais élément à tendance mythomane. Vous pensez pouvoir vous servir de votre expérience pour évoluer ? Encore faut-il que vos relation avec la direction soit excellent, et oui même si vous avez tout d'un gagnant il faut lécher les bottes des supérieurs ou au moins faire semblant de les adorer.

 

La déprime / colère

 

Quand le travail acharné ne suffit plus, que la fatigue triomphe de notre capacité à supporter toute incohérence sociale entre les autres et vous... la déprime s'installe. C'est le pire engrenage possible, la fatigue morale et physique se mélange laissant place à des arrêts maladies à répétition, maladie principalement psychosomatiques d'ailleurs : nausées, pleurs, aigreurs d'estomac voire ulcère, amplification de stigmates demeurant auparavant et parfois dépression. On déteste ceux qui ne comprennent pas (ou qui n'en sont pas encore là), qui travaillent encore bien. On déteste le patron et ceux qui suivent ses directives, presque tout ceux qui sont au dessus de nous nous insupportent. Et par dessus tout, on déteste les clients, sans clients pas de stress, on se dit que sans eux on serait moins brusqué. Cette phase commence souvent après une déception, on se sent comme trahi par cette doctrine qu'on nous a rabâché étant petit, « il faut travailler dure pour réussir », c'est faux, sans diplôme il faut accepter l'inacceptable pour réussir, voilà un bref résumé de ce que ressent un employé à la phase déprime.

 

 

Ces deux dernières phases sont interchangeables selon la personnalité de l'employé et la pression qu'il subit. Si la résignation vient après la déprime/colère, le temps peut être très long avant que l'employé ne parte, si c'est l'inverse la démission ne se fait pas attendre très longtemps.

 

 

Voilà ce qu'ils vivent, ces gens que vous oubliez sitôt votre plateau dans les mains, qui vous tirent parfois une tête de six pieds de long quand vous passez dix minutes à passer commande alors qu'on nous impose une rapidité presque inhumaine, ceux contre qui vous pestez quand vous trouvez les produits trop chers alors qu'ils n'y peuvent strictement rien. Ces gens si insignifiants et si transparents à vos yeux ne sont que des être humains exploités par l'esclavage moderne et qui n'ont pas d'autre choix que ce travail dégradant et insatisfaisant. À bon entendeur.

 

 

Homme regardant un sandwich avec un regard de tueur



19/04/2012
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